La familiarisation avec le théâtre commence par quelques exercices de formation du comédien.
Se présenter :
Un des premier exercices
consiste à se présenter : être seul face aux autres dans une prise de parole (dire son nom de
manière intelligible et sans gestes parasites). Il s’agit de faire
connaissance, de prendre conscience du son, de la posture, de la respiration,
et de l’image qu’on renvoie.
Chacun
énonce son prénom une première fois, puis Amélie intervient « qu’est-ce
que vous remarquez ? » « On va trop vite, on ne regarde pas, ce
n’est pas assez fort ».. Amélie demande de reprendre l’exercice en
étant attentif aux gestes parasites. Cette fois, chacun est invité à faire des
remarques concernant le volume de la voix, le comportement, le regard de celui
qui énonce son nom.
A
l’un il faudra trois tentatives pour stopper son tremblement, pour l’autre la
voix est claire mais les mâchoires serrées, la deuxième tentative est bonne.
Une troisième a la jambe qui tremble à la première tentative, la seconde fois
c’est le fou rire : L. « je ne
pourrai pas, je suis obligée de faire quelque chose » Amélie : « pense à ta respiration. On n’est pas pressé, prends
ton temps » La troisième fois est bonne.
Chacun
s’enrichit des remarques faites auparavant, et des conseils d’Amélie, et
l’atmosphère se détend progressivement.
Ecouter :
Viennent ensuite des
exercices visant à être à l’écoute et à construire avec les autres
participants : la consigne est de faire des groupes de 3, de
se mettre épaule contre épaule, et de faire un pas ensemble sans se faire de
signal. Le but est de favoriser la concentration, d’être dans une l’écoute
réciproque, de déterminer un rythme commun.
Parmi
les remarques G. « on sent comme une
force qui nous propulse » « on fait des chorégraphies »
Amélie « le temps n’est pas même. Il faut
attendre que tout le monde ait perçu le message. Essayer de ressentir la
respiration de chacun »
Plusieurs tentatives, à la
dernière tout le monde est ensemble. Ils ont joué le jeu et ne se sont pas
donné de signal. Le résultat est révélateur de leur écoute et leur
concentration.
Gagner en confiance :
Une autre étape consiste à travailler
la confiance en soi et en les autres
L’exercice
consiste à marcher à l’aveugle. Une personne debout, au fond de la
salle. Amélie, debout en face, à l’opposé. La consigne est de marcher
tranquillement, toujours au même rythme, les yeux fermés jusqu’à Amélie, sans
gestes parasites.
Parmi
les réactions : L. « je
tremble » Amélie demande au groupe de se taire pendant que la
personne exécute l’exercice. La stagiaire s’arrête à quelques centimètres
d’Amélie. L. « Ho la la... Quand je suis
arrivée, j’ai senti que quelqu’un était devant moi » Chacun essaie
tour à tour et des rires se déclenchent parfois chez les spectateurs. Amélie « qu’est-ce qui te fait rire » ? Il
est important qu’il dise pourquoi car celui qui passe n’a pas les moyens de décoder
les rires et peut être bloqué. Il ne faut pas non plus empêcher les autres de
rire si une attitude en jeu donne envie de rire. L’une commence à marcher, les
yeux fermés, de travers. F.C « Même les yeux
ouverts je marche de travers ». « Recommence » Amélie lui
propose de couper le chemin en deux. Elle ne fait que la moitié du parcours
pour commencer. Elle réussit très bien. Elle fait ensuite le parcours entier.
Se voir :
Un
dernier exemple d’exercice vise à travailler sur l’image qu’on donne à voir.
Les
chaises sont alignées. Une chaise face à la ligne. La consigne est de se lever,
s’arrêter, avancer jusqu’à la chaise, s’arrêter, demi-tour, s’arrêter,
s’asseoir. Regarder les autres, se relever, s’arrêter, marcher jusqu’à sa place
initiale, s’arrêter, demi-tour, s’arrêter, s’asseoir.
Il s’agit d’être dans une
position de neutralité, d’apprendre à regarder et à être regardé, d’observer
sans juger, de prendre conscience de ce que l’on renvoie, et de prendre
conscience de l’effet relaxant de la respiration.
Un
stagiaire tente l’exercice. « Je
trouve que le visage est statique » remarque G..
Amélie : « Il y a des choses qui font rire
les autres : la respiration, le visage figé. On a l’impression que t’es
méchant. Ce qui est difficile, c’est faire la même chose mais pas figé »
Une autre stagiaire tente l’exercice. Elle se lève, s’assoit. Au moment de se
relever, elle sourit, se reconcentre puis repart. Amélie « il faut respirer. Un bon moyen de savoir si l’on est
tendu ou pas, c’est si quand on a fini de faire quelque chose, on respire fort.
J’ai l’impression que 300 milliards de pensées te traversent. Ca se voit »
Elle acquiesce.
Une
dernière stagiaire passe, elle part en riant et baisse la tête. « J’ai l’impression qu’elle est stressée » L. « J’avais honte »
Forts des exercices
précédents, les stagiaires étaient plus à même de détecter les gestes
parasites. Cet exercice a pris beaucoup de sens pour les participants. S’il y a
des rires parfois, ils sont dénués de jugement. Les participants sont actifs et
certains même souhaitent refaire l’exercice.
Extrait du compte rendu
de Céline Flaczyk, coordinatrice du pôle de mobilisation, établi en 2005 à
partir des notes d'Anne-Laure Le Pocréau prises tout au long du projet